La môme Carrere a enchanté le public du Burghof à Lörrach
Décidément, le Burghof soigne notre fibre émotionnelle de français nostalgiques ces derniers temps : après Ute lemper et Grace Jones vues cette année aux Stimmen et dont on connait les versions respectives de La Vie en Rose, voici la Môme, en -presque- vraie qui n’a pu nous priver du plaisir de son interprétation : Anne Carrere, la môme de Toulon, (Solliès-Pont, pardon Anne) a fait son choix parmi 400 chansons pour honorer l’invitation du Burghof ce 21 décembre en célébrant le 100ème anniversaire du Show Piaf produit par Charles Dumont en son temps.
Guy Giuliano Anne Carrere Piaf Le show Burghof Lörrach 2017 ©VB
Anne Carrere me l’avait bien dit lors de notre entretien téléphonique : Edith Piaf, c’est joyeux ! On ne montre souvent d’elle que la version triste, celle des amours malheureuses, c’est l’autre Piaf dont nous avons fait connaissance hier soir à Lörrach. Anne Carrere, pétille comme une bulle de champagne, roule les r façon chanteuses des années 40, joue de sa gouaille puissante, mime la môme à la perfection, gestuelle comprise. Alors, en effet, à la question : « c’est quand qu’on chiale ? » (note : chialer n’est pas un gros mot, écouter pour preuve le Jeff de Brel), la réponse est : jamais ! Au pire, me suis-je un peu étranglée en reprenant timidement – pour ne pas être entendue – l’hymne à l’amour, ma préférée . Alors, d’accord, l’amour est l’affaire de toute une vie pour Piaf, mais Paris en est le décor pour l’éternité, et voici Paname qui défile, qui bat la mesure, on voyage de Pigalle à Montmartre, Belleville, Montparnasse, Saint-Germain, Paris mesure notre émoi, le mien en tout cas, celui du p’tit crème et des squares à moineaux, le reste, pour l’heure, j’m’en fous – un titre qu’aurait bien pu emprunter l’ami Vian – ce que chante Anne en guise de prologue en se baladant dans le public. Assurément, Edith Piaf n’aurait pas pu devenir la môme Piaf ailleurs qu’à Paris tant l’une et l’autre sont définitivement liées par l’idée que nous nous faisons du romantisme. Si nous en doutions, la mise en scène du spectacle nous en donne la démonstration en passant des clichés de Doineau en arrière-plan et des dizaines d’amoureux seuls au monde , que nous reconnaissons parfois (Signoret.Reggiani, Cerdan-Piaf) en symbiose parfaite avec le jeu de la chanteuse au généreux sourire qui semble parfois slamer les textes de Piaf tant son expressivité pourrait suffire.
Il nous a fallu attendre tout de même le second acte pour reprendre en cœur les chansons cultes, La Foule , Milord ( comédien improvisé choisi dans le public) …la belle change d’ailleurs de costume – et de chaussures-, celui de la gloire succédant aux années de jeunesse au premier acte dont on connait un peu moins bien le répertoire. Pour illustration de la seconde partie, l’Olympia de Bruno Coquatrix brille de tous ses feux, Anne Carrere en profite pour saluer le public germanophone du Burghof en lisant consciencieusement son anti-sèche : » ich bin sehr glücklich hier zu sein…in Lörrach ! La chanteuse est polyglotte et le prouve en entonnant » les feuilles mortes « en anglais en hommage à Piaf et son passage au Carnegie Hall en 1957 . Anne Carrere a totalement conquis le public, chantant avec application La Vie en Rose grâce aux paroles mises à sa disposition à l’écran. Le show d’Anne Carrere a résolument pris le chemin de la joie. Vive la vie !
Sans amour, on est rien du tout ! C’est pas moi qui le dit, c’est la grande Piaf.
Entretien avec Anne Carrere jointe par téléphone avant le concert du Burghof :
VB : bonjour Anne, le public germanophone va-t-il chanter Edith Piaf aussi bien que les français ?
AC : absolument, lors du dernier concert à Stuttgart, les allemands ont chanté tout le répertoire en Français ; un peu partout comme en Hongrie, La Vie en Rose est reprise en cœur, sauf à Pragues où Je ne regrette rien a été préférée ; parfois, nous ajoutons des sur-titres mais je n’aime pas car je perds l’attention du public. Parmi 400 titres, je serais moi-même bien embarrassée de citer ma chanson préférée, peut-être, Paris ou La Foule, mais j’aime tout chez Edith Piaf !
VB : La Foule, un étourdissement joyeux ! Est-ce une sensation proche de ce que vous éprouvez après presque 3 ans de tournée et plus de 35 pays visités, dont un passage au Carnegie Hall,exactement 60 ans après le passage de Piaf , un autre à l’Olympia et encore le chiffre éloquent de près d’un million de billets vendus dans le monde pour Piaf The Show, Gil Marsala est surement un producteur heureux ? De quoi tourner la tête, non ?
AC : j’ai tout à fait conscience de ma bonne étoile mais rien n’arrive vraiment par hasard : j’ai commencé très jeune la danse – classique, jazz, Breakdance – le solfège, le piano ; depuis ma participation à l’émission » Attention Mesdames et Messieurs » de Michel Fugain, j’ai certainement choisi l’option artiste complète : je suis humoriste, comédienne, chanteuse. Un spectacle tel que le show actuel autour d’Edith Piaf me permet résolument de coiffer les 3 casquettes.
VB êtes-vous née dans une famille de musiciens ?
AC : pas du tout, nous étions 5 enfants et nos parents s’intéressaient peu à la musique ; je me souviens par contre de ma grand-mère qui chantait des airs d’opéra et de mon arrière-grand-mère qui chantait elle dans une chorale ; elle aimait plutôt Brel et Nougaro alors que mes parents étaient plutôt branchés rock.
VB : et quels sont alors vos propres modèles ?
AC : j’adore Jonasz, Michel Legrand, mais j’écoute aussi beaucoup de musique brésilienne, les rythmes méditerrannéens me plaisent aussi ; d’un point de vue technique, la pratique vocale de Céline Dion ou celle de Barbra Streisand me servent de modèles.
VB : l’interprétation de Marion Cotillard dans la Môme vous a-t-elle convaincue ?
AC : je trouve la performance de l’actrice formidable mais je regrette que seul le côté sombre de la personnalité d’Edith Piaf soit ressorti du film, car elle était aussi une personne très joyeuse qui aimait blaguer avec ses amis et ses musiciens.
VB: vous semblez être une stakhanoviste de la scène ; quels sont vos projets actuels ?
AC : mon second album, un One Woman Show » Marianne « , Paris ! le spectacle et encore Piaf Le show. Mais la chanson est mon premier métier.
VB : quand trouvez-vous le temps de rentrer à la maison ?
AC : je me débrouille pour rentrer le plus régulièrement possible à Solliès-Pont (près de Toulon nda) retrouver ma famille et mon petit garçon qui a 10 ans ,. Quant à mon compagnon, nous ne nous quittons que très peu car il fait partie des musiciens (l’accordeoniste Guy Giuliano)
VB : prête pour le concert du Burghof à Lörrach ce soir ?
AC : bien sur , partager avec les gens mon cœur et mon âme, voilà ce à quoi je me prépare. Vive la Vie !
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